All along the watchtower
Déjà deux semaines se sont écoulées depuis mon retour à Ottawa. Cette année se dérobe, elle m'échappe parfois. L'impression de ne pas faire tout ce que je souhaite. Par ailleurs en comparant mon année à celle d'autres personnes, Sarah qui se trouve actuellement à Mexico sur la route qui la conduit à Caracas, Clément à Istanbul ou encore Mel à Glasgow, je prends conscience de toute la singularité de cette expérience. Aucune ne se ressemble, il n'y a pas d'année erasmus ou autre pseudo "concept" unifiant. L'auberge espagnole n'est qu'un film fait pour exciter les aspirations de post-ado en quête d'émancipation, en nous présentant cette année comme événement central, pire fondateur, dans notre construction identitaire. Mais la chose la plus écoeurante et malhonnête et de représenter cette année comme un socle générationnel. Excusez cette diatribe confuse mais rédigée tardivement, empreinte d'une mysanthropie passagère.
mes professeurs sont surprenants
Abordons un sujet que j'évoque peu sur ce blog, car peu passionnant, mes cours. Ce semestre, je fus contraint de prendre cinq cours, au lieu de quatre au premier semestre. Une masse de travail plus importante et un profil beaucoup plus sociologique. Peu importe. Ce dont j'aimerais vous parler, ce sont de mes professeurs, ennuyeux parfois, envoûtant rarement, étonnant tout le temps. Commençons par mon cours "vie politique au Moyen-Orient". Etrangement, le prof enseignant ce cours est d'origine moyen-orientale (arabe, turc, iranien, aucune idée exactement). Mais la chose la plus frappante fut sa ressemblance avec Hacène, mon pote de l'école primaire. Gentil, il sourit toujours (un peu bêtement). Il répond toujours à côté de la plaque aux questions des étudiants. Parfois il nous raconte même des conneries historiques, mais toujours avec le sourire. Autre cours, sociologie de la culture. Une femme, bobo, ponctuant toutes ses phrases par "n'est-ce pas". Mais très plaisante, parfois hilarante (sa relecture quebecoise de psycho, dans la neige avec plein de putines était audacieuse). Mais gros problème. Pur produit des années 1970, une anti marxiste de base, mais très gauchiste dans ses références. A l'opposé de mon prof sur le marxisme. Séduit au premier cours, je fus lassé au second. Mais il s'agit d'un cours très instructif. Avoir un enseignement du marxisme comme on ne le pratique plus depuis la fin des années 1970 en France relève d'une opération spatio-temporelle inespérée. Et puis ce prof appartient à une espèce de plus en plus rare en France, le trotsko-anti-impérialo-féministe. Rien de pire pour un stalinien comme moi. Finissons avec mon prof dispensant le cours sur Max Weber. Quoi de mieux pr enseigner Weber qu'un prof allemand. Mieux, un prof de 65 ans, sorti du formol, avec un débit de 10 mots/minute. Tout un challenge de rester éveillé.
Concert, film, ski
Pour finir ce post, un rapide compte-rendu de ce week-end. Vendredi soir, nous profitons d'une offre pour nous rendre au central national des arts. Une sorte d'Opéra, proche de l'Esplanade de St-E mais en plus class. C'est la place to be d'Ottawa. S'y retrouve toute la bourgeoisie intellectuelle et d'Etat outaouaise (logique après tout, à part l'université et les ministères, il n'y a pas grand chose à Ottawa, point d'usine, a fortiori d'ouvriers, mais si voulez des pauvres, on a de quoi faire ici). Assez guindé comme lieu. Mais le concert est très class, mélange d'orchestre classique et de rythmes cubains. Ensuite Marcos vient à la maison pour voir Land and freedom de Ken Loach. Film passionnant, je pourrais y consacrer tout un post. Sur le POUM, les communistes, le point de vue adopté par Loach, l'échec du Frente popular... mais la flemme. Le regarder avec Marcos fut d'autant plus intéressant que l'un de ses grand-pères fut dans les troupes de Franco alors que l'autre était un communiste républicain. Samedi matin, Delf, Marie, Elsa, Marion, une autre fille de Toronto et moi sommes partis au parc de la Gatineau pour faire du ski de fond. Quatre ans que je n'étais pas monté sur des skis. Et franchement, c'est cool. Hommage à mon père pour la tenue (avec son fameux jean en guise de pantalon de ski).